Conservation de la biodiversité dans la réserve de Guembeul : Les populations de Diama Thiéguel s’érigent en protecteur du parc


Entouré d’un grillage de clôture afin d’empêcher aux gazelles de se sauver, le parc de Guembeul a vu les cactus gagner petit à petit l’espace vital de ces animaux. Des menaces sur la biodiversité contre lesquelles se sont élevées les populations de Diama Thiéguel qui ont mené, lundi, une activité de dessouchage manuel de ces cactus.



(Correspondance) - Les populations de la périphérie de la réserve de Guembeul se sont mobilisées pour contribuer à la conservation de sa biodiversité. Ainsi, une activité de dessouchage manuel des cactus a été menée, lundi dernier, dans ce noyau central de la Réserve de biosphère transfrontière (Rtb) du delta du fleuve Sénégal. Implanté en 1999 et entouré d’un grillage de clôture afin d’empêcher aux gazelles de se sauver, le parc a vu cette plante gagner petit à petit l’espace vital des animaux et, par la même occasion, leur zone de refuge. Un montant de deux millions a permis aux habitants de Diama Thiéguel (village situé à quelques encablures du parc) de s’activer au dessouchage de ces cactus.

Cependant, beaucoup de contraintes notées expliquent le choix des populations de se regrouper en Gie pour une marche vers le développement de leur localité. Dans le souci de lutter contre l’exploitation abusive des ressources ligneuses comme le bois de chauffe, un bois villageois a été mis en place. Et ce n’est pas tout, puisque l’assainissement de la périphérie de la réserve envahie par les ordures ménagères a une place dans le programme du collectif ‘And liggeyal Guembeul’. Des projets qui mériteraient un appui, vu la faiblesse des sources de revenus des populations.

C’est ainsi qu’a été introduit dans cette localité le projet Compact qui a apporté son concours à la conservation de la biodiversité par un financement de 16 millions. C’est par le biais de ce financement que sont réalisés, outre le dessouchage manuel des cactus de la réserve et d’un bois villageois, un fonds d’appui à l’environnement au développement, un dépôt de gaz butane. Initiative du Programme de micro financement du Fonds pour l’environnement mondial (Pmf/Fem), en collaboration avec la Fondation des Nations unies (Unf), ce projet vise à appuyer les initiatives des populations allant dans le sens de conserver la biodiversité dans la Réserve de biosphère transfrontalière (Rbt) du delta du fleuve Sénégal. La réserve de faune de Guembeul, créée en 1983 pour une superficie de 720 ha, a été choisie comme noyau central de cette Rbt. Elle a été inscrite depuis 1986 sur la liste des sites Ramsar.

Par ailleurs, le coordinateur local de ce projet qui a duré deux ans et qui en est à son terme, Khatary Mbaye, n’exclut pas un renouvellement du financement qui pourrait se faire après l’évaluation finale des travaux réalisés par Diama Thiéguél

SAINT LOUIS : RESTAURATION DE LE BIODIVERSITE DANS LA RESERVE DE GUEUMBEUL


Les femmes de Diama Thiaguel s'impliquent



Les responsables du programme « Compact » ont mises en œuvre des méthodes innovantes pour la conservation de la biodiversité dans la Réserve de la biosphère transfrontalière sur l’ensemble du delta du fleuve Sénégal. Les communautés s’impliquent davantage et surveillent comme du lait sur le feu les différentes réserves à l’image de la réserve de faune de Gueumbeul. Jadis menacée par la salinisation des terres tout comme la divagation d’animaux domestiques, la réserve de faune de Gueumbeul, situées dans la communauté rurale de Gandon a de nos jours subi une bonne cure de jouvence. Créée en 1983 et devenue réserve de biosphère en 2005 et site Ramsar en 1986, du nom de la ville iranienne où a été paraphée la convention pour la préservation des zones humides accueillant les oiseaux migrateurs, cette réserve est devenue un pôle d’attraction touristique avec les activités de restauration qu’y déroulent les membres du Gie « And suxali sunu diwan » de Diama Thiaguel.

Les membres de ce groupement, essentiellement composé de femmes, s’activent depuis près de deux saisons pour sa restauration, au grand bonheur des services techniques compétents qui demandent que ce genre d’initiatives soient pérennes et étendues à d’autres contrées. Ce regroupement d’une centaine de membres dont 80 femmes fait partie du collectif « Ligueyal Gueumbeul ».

Dans le cadre du programme « Compact » du Programme de Micro financement du Fonds pour l’environnement mondial (Pmf/Fem), en collaboration avec la Fondation des Nations Unies (Unf), ce groupement est financé à hauteur d’un peu plus de 16 millions de nos francs pour dérouler des activités liées à la restauration de la dite réserve. Si l’on en croit Yacine Loum, la présidente du Gie de Diama Thiaguel, « outre les importantes séances de sensibilisation menées dans les villages périphériques, une importante activité liée à la lutte contre le cactus est menée, histoire d’accroître les mouvements et les zones de refuge de la faune ». Le cactus utilisé à l’époque comme clôture « a fini d’envahir la réserve, au point que les animaux éprouvent d’énormes difficultés à se mouvoir. Et, dans le cadre de ce projet, l’objectif que nous nous sommes fixés, et qui consiste à éliminer le sixième de cactus ayant envahi le couvert végétal, est même dépassé. Pourtant ce dessouchage s’est opéré de façon manuelle » expliquera le lieutenant El Hadj Malick Sagne, le conservateur adjoint de la réserve.

Les autres activités non moins importantes déroulées par ces laborieuses femmes sont liées à « la croisade contre l’exploitation abusive des ressources ligneuses comme bois de chauffe ainsi qu’à l’envahissement de la périphérie de la réserve par des ordures ménagères par la mise en place d’un bois villageois et des séances hebdomadaires d’investissement humain pour assainir la réserve ». Aujourd’hui cette réserve est devenue plus qu’accueillante car aucune matière plastique ou autre déchet n'y traîne. « La pression anthropique a considérablement diminué, les femmes bénéficiant dans le cadre de la mise en place d’un fonds d’aide pour l’environnement et le développement, d’un dépôt de gaz butane», ajoutera pour s’en féliciter le lieutenant Sagne. Pour avoir davantage de temps à consacrer aux activités de restauration de la réserve, les membres du Gie « And suxali sunu diwan » ont acheté un moulin et entreprennent l’embouche bovine afin de faire reculer les barrières de la pauvreté.

Le projet de Diama Thiaguel tire à sa fin et va être évalué, une situation qui suscite quelques craintes chez les bénéficiaires qui n’ont pas hésité à pousser un cri de cœur dans le but de bénéficier d’une seconde phase et d’une extension à tous les autres villages ceinturant la réserve de faune de Gueumbeul. Cet appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisque le coordonnateur du programme « Compact » Khatary Mbaye, visiblement satisfait des efforts déployés par ces femmes et la rigueur constatée dans la gestion de leur projet, laissera entendre qu'il va plaider en leur faveur auprès des bailleurs de fonds, « ne serait ce que pour une phase de consolidation ». Elles en ont tant besoin, surtout dans la lutte contre la colonisation de la réserve par des plantes envahissantes et la construction dans la réserve d’un centre d’hébergement car l’écotourisme commence à prendre son envol.

Beaucoup d’espèces végétales de valeur comme le tamarix senegalensis ou encore l’acacia radianna et l’andansonia digitata se trouvent dans cette réserve, tout comme une belle faune dont des gazelles Mhor, des hérissons d’Abyssinie, les oiseaux, tortues et reptiles ne sont pas en reste.

L’ilot de reproduction des oiseaux du parc de la Langue de Barbarie, menacé par l’érosion


Si rien n’est fait, l’ilot de reproduction des oiseaux et des tortues marines du parc national de la Langue de Barbarie à Saint-Louis, qui accueille des milliers d’espèces, risque de disparaître. L’érosion marine est passée par là. Cette érosion est due à l’ouverture d’une brèche en 2003, pour sauver la ville tricentenaire des inondations. Les populations du Gandiolais, qui comptent beaucoup sur l’écotourisme, sont outrées de la situation. Le GIE Takou Liguèye, sous appui financier du projet Compact de Mouit, financé par le (PMF/ FEM) lutte contre cette érosion, en procédant à un remblaiement.



La salinisation des terres du Gandiolais s’accentue depuis 2003, date d’ouverture du canal de délestage, poussant les populations à abandonner les terres jadis très fertiles en horticulture. La biodiversité n’est pas épargnée. En atteste cet ilot de reproduction des oiseaux et des tortues marines du parc de la Langue de Barbarie, créé en 1976, avec une superficie de 2000 hectares. Les espèces commencent à disparaître, du fait de l’érosion marine qui a rétréci le site de nidification. Conscientes des enjeux socioéconomiques de ce parc, les populations ont décidé de sauver cet ilot. Réunies autour du GIE Takou Liguèye, elles ont entamé un processus de remblaiement de l’ilot. 5 millions ont été débloqués pour l’achat de 5 camions de gravions à Thiès. Cette enveloppe provient du financement du projet Compact, initiative du Programme de Micro Financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (PMF/FEM) en collaboration avec la Fondation des Nations Unies et l’Unesco. Il vise à améliorer les capacités des communautés rurales, en vue de leur contribution effective à la conservation de la biodiversité dans la réserve de biosphère transfrontalière du delta du fleuve Sénégal, pour un montant global de près de 18 millions pour deux ans. C’est ainsi que le GIE Takou Liguèye a mobilisé un parterre de personnes pour le remblaiement. Et selon le lieutenant Assane Kandji, adjoint conservateur du parc, l’objectif de cette activité est de réhabiliter une portion de l’ilot. « Ce site est très menacé à cause de l’ouverture de la brèche, et nous osons espérer que cette érosion sera atténuée avec le placement des gravions », a-t-il dit. Du côté des éco gardes, l’heure est à l’alerte. Des activités socioéconomiques sont en effet menées par les populations qui croient aux recettes de l’écotourisme. « Nous interpellons le ministère de l’Environnement et la direction des parcs sans oublier les partenaires », a lancé la Présidente du GIE Fatou Khole. Cette dernière de préciser que ce moment pour une telle activité, est venu à point nommé ; car, en Mi novembre, les oiseaux viendront d’Europe pour se reproduire, à la grande joie des touristes. Quant aux partenaires comme Compact, il certifie que des efforts seront déployés pour accompagner ce projet qui touche à sa fin. Le coordonnateur Khatary Mbaye pense que des solutions doivent être trouvées pour éviter le pire, car, à l’en croire, l’érosion est en train d’accélérer la disparition de cet ilot.

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